https://www.academia.edu/40617324/Le_syst%C3%A8me_philosophique_de_Gilles_Deleuze_1953_1970_PhD_2013_?email_work_card=view-paper
"Deleuze conçoit tout système comme un « système intensif » ou un« système signal-signe ». Un système se définit par trois dimensions principales : un champ pré-individuel doué d’éléments hétérogènes ou de séries de grandeurs disparates susceptibles d’entrer en communication(signal) ; un champ intensif d’individuation ; un champ phénoménal ou empirique produit par l’individuation (signe). Ainsi l’éclair suppose une différence de potentiel électrique dans l’atmosphère et apparaît comme le produit lumineux de sa résolution. Dans un tel système physique, le processus d’individuation actualise l’énergie potentielle du système en un instant et une fois pour toutes ; autrement dit, l’éclair fulgure, mais l’individuation ne se poursuit pas. Il laisse à l’extérieur les conditions de sa reproduction (DR, 31). Ces trois dimensions valent pour tout système, car elles correspondent d’après Deleuze à trois phases de la Différence ou de l’Être : le champ pré-individuel correspond à la coexistence de toutes les différences dans l’Idée virtuelle, c’est-à-dire aux conditions génétiques de l’existence phénoménale (différentiation) ; le champ intensif d’individuation correspond à la genèse de l’Idée virtuelle dans le phénomène actuel(dramatisation ou différent/ciation) ; enfin, le champ phénoménal ou empirique correspond à l’objet actuel qui résulte de la genèse (différenciation).Du virtuel à l’actuel, nous assistons au premier mouvement de l’expression de la différence, son mouvement d’extériorisation dans les choses (Nature).Cependant, le signe ou l’individu produit par le système ne tombe pas hors de lui, car il hérite nécessairement de la différence virtuelle qu’il actualise, de même que chez Plotin tout chose existante est reliée à l’Un dont elle procède — même par un fil ténu." (pp.1-2)
"Formation de son système et la détermination de son rapport avec celui de Hegel, dans la mesure où elle substitue l’affirmation de la différence au travail du négatif dans l’identique (l’expression au lieu de la contradiction)." (p.4)
"Une approche résolument empiriste domine les études deleuziennes. Son admiration sans bornes pour Spinoza, pourtant, réclamait un autre point de vue. Quoiqu’elles ne soient pas légion, il existe des reconstructions systématiques de sa philosophie (ainsi celles de Badiou et de Gualandi). Mais l’opération, souvent, tourne court : le système est présenté comme une construction morte et abstraite ou bien comme une fusion mystique dans l’Un, et plutôt les deux à la fois. Nous croyons voir Spinoza derrière Deleuze. Et l’histoire bégayer. Peut-être le temps est-il aujourd’hui venu de renoncer à ces alternatives. Nous ne croyons pas qu’il faille opposer le système à l’empirisme. Nous ne croyons pas plus à l’approche fonctionnaliste de la boîte à outils qui se contente de prélever des séries localisées de concepts sans tenir compte du système dans lequel ils entrent, qu’à la lecture dogmatique ou enthousiaste de la philosophie deleuzienne qui voudrait en faire un système abstrait ou mystique dépourvu de toute dimension empirique." (p.5)
"Notre travail est donc réellement modeste, puisque celui-ci se présente en partie comme une lecture suivie de Différence et répétition." (p.6)
-Igor Krtolica, Le système philosophique de Gilles Deleuze (1953-1970), thèse pour le doctorat de Philosophie, Université de Lyon, 2013, 646 pages.
"Deleuze conçoit tout système comme un « système intensif » ou un« système signal-signe ». Un système se définit par trois dimensions principales : un champ pré-individuel doué d’éléments hétérogènes ou de séries de grandeurs disparates susceptibles d’entrer en communication(signal) ; un champ intensif d’individuation ; un champ phénoménal ou empirique produit par l’individuation (signe). Ainsi l’éclair suppose une différence de potentiel électrique dans l’atmosphère et apparaît comme le produit lumineux de sa résolution. Dans un tel système physique, le processus d’individuation actualise l’énergie potentielle du système en un instant et une fois pour toutes ; autrement dit, l’éclair fulgure, mais l’individuation ne se poursuit pas. Il laisse à l’extérieur les conditions de sa reproduction (DR, 31). Ces trois dimensions valent pour tout système, car elles correspondent d’après Deleuze à trois phases de la Différence ou de l’Être : le champ pré-individuel correspond à la coexistence de toutes les différences dans l’Idée virtuelle, c’est-à-dire aux conditions génétiques de l’existence phénoménale (différentiation) ; le champ intensif d’individuation correspond à la genèse de l’Idée virtuelle dans le phénomène actuel(dramatisation ou différent/ciation) ; enfin, le champ phénoménal ou empirique correspond à l’objet actuel qui résulte de la genèse (différenciation).Du virtuel à l’actuel, nous assistons au premier mouvement de l’expression de la différence, son mouvement d’extériorisation dans les choses (Nature).Cependant, le signe ou l’individu produit par le système ne tombe pas hors de lui, car il hérite nécessairement de la différence virtuelle qu’il actualise, de même que chez Plotin tout chose existante est reliée à l’Un dont elle procède — même par un fil ténu." (pp.1-2)
"Formation de son système et la détermination de son rapport avec celui de Hegel, dans la mesure où elle substitue l’affirmation de la différence au travail du négatif dans l’identique (l’expression au lieu de la contradiction)." (p.4)
"Une approche résolument empiriste domine les études deleuziennes. Son admiration sans bornes pour Spinoza, pourtant, réclamait un autre point de vue. Quoiqu’elles ne soient pas légion, il existe des reconstructions systématiques de sa philosophie (ainsi celles de Badiou et de Gualandi). Mais l’opération, souvent, tourne court : le système est présenté comme une construction morte et abstraite ou bien comme une fusion mystique dans l’Un, et plutôt les deux à la fois. Nous croyons voir Spinoza derrière Deleuze. Et l’histoire bégayer. Peut-être le temps est-il aujourd’hui venu de renoncer à ces alternatives. Nous ne croyons pas qu’il faille opposer le système à l’empirisme. Nous ne croyons pas plus à l’approche fonctionnaliste de la boîte à outils qui se contente de prélever des séries localisées de concepts sans tenir compte du système dans lequel ils entrent, qu’à la lecture dogmatique ou enthousiaste de la philosophie deleuzienne qui voudrait en faire un système abstrait ou mystique dépourvu de toute dimension empirique." (p.5)
"Notre travail est donc réellement modeste, puisque celui-ci se présente en partie comme une lecture suivie de Différence et répétition." (p.6)
-Igor Krtolica, Le système philosophique de Gilles Deleuze (1953-1970), thèse pour le doctorat de Philosophie, Université de Lyon, 2013, 646 pages.