https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2007-5-page-7.htm
"D’autres auteurs définissent plutôt l’histoire globale comme un mode d’approche des processus historiques, et se situent donc sur un plan méthodologique, estimant nécessaire un décloisonnement du regard, intégrant une approche contextuelle parfois élargie à l’échelle planétaire :la globalisation est ici un mode d’étude des objets, plutôt qu’un objet d’étude."
"Aux Pays-Bas et en Allemagne, en particulier, les recherches d’histoire « globale » sont très actives."
"Le premier numéro du Journal of World History publié depuis 1990 par l’université d’Hawaï s’ouvre sur un article de McNeil, «The Rise of the West, vingt-cinq ans après », qui se félicite de la légitimité enfin acquise, et mesure le chemin parcouru. [Entre 1963 et 1990, The Rise of the West a été vendu à 75000 exemplaires]
Cette revue est l’émanation officielle de la World History Association créée en 1982, qui comptait 1400 adhérents à jour de cotisation en 2002 ."
"La revue états-unienne la plus prestigieuse et la plus diffusée, l’American Historical Review, a introduit en 2000 une nouvelle section « Comparative/World » dans sa rubrique de comptes rendus."
"En 1969, Pierre Chaunu invitait à faire « l’histoire du désenclavement planétaire des civilisations et des cultures, des contacts »; « il faut rompre avec les États », prescrivait-il, quand Braudel appelait à étudier « les recouvrements de civilisation » qui se sont opérés par exemple dans la péninsule ibérique ou dans les Balkans. Mais au même moment, les rapports de conjoncture du CNRS déploraient la polarisation franco-française des recherches historiques, évaluant en 1960 la part de l’histoire de France aux trois quarts du total. De même, l’analyse statistique des répertoires publiés par l’IHMC-CNRS, pour l’histoire moderne et contemporaine, en 1982 et 1991 fait apparaître dans les deux cas une proportion de 55% d’historiens de la France. De sorte qu’en 1995, Christophe Charle concluait : « l’histoire comparative vantée par Marc Bloch, l’histoire sans rivages illustrée par Lucien Febvre et Fernand Braudel et réclamée par les commissions du CNRS, est restée de l’ordre du vœu pieux »."
"Dans nombre d’autres pays, les universités accueillent tout naturellement les spécialistes de l’étranger, sans qu’une prime spéciale soit donnée à l’histoire nationale – ou du moins le déséquilibre est bien moins prononcé qu’en France."
"Les « grands » éditeurs français de sciences sociales traduisent de moins en moins, et répugnent (mais que font leurs conseillers éditoriaux ?) à publier des ouvrages d’histoire étrangère, comparée ou générale, au prétexte que « cela n’intéresse pas le public »… Le resserrement francofrançais est bien un problème général."
"Microstoria et histoire connectée ne sont nullement incompatibles; au contraire, elles convergent dans la volonté de décloisonner en articulant le social, l’économique, le culturel et le politique, elles se rejoignent dans le souci de restituer à la fois l’épaisseur du jeu social et la globalité des échanges qui l’animent. En somme, cette histoire globale, à la recherche des connexions, interactions ou bifurcations, à différentes échelles, est bien une histoire « totale » mais « située »:elle se distingue de l’histoire totale ou de la « synthèse » de nos aînés en ce qu’elle bâtit son questionnaire depuis un point d’observation situé, qui n’est évidemment pas le point de vue de l’universel; elle ne prétend donc pas reformuler un grand récit explicatif d’ensemble. Le vocabulaire ne doit pas induire en erreur :global ne signifie pas totalisant."
-Caroline Douki et Philippe Minard, « Histoire globale, histoires connectées : un changement d'échelle historiographique ? Introduction », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2007/5 (n° 54-4bis), p. 7-21. DOI : 10.3917/rhmc.545.0007. URL : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2007-5-page-7.htm
"D’autres auteurs définissent plutôt l’histoire globale comme un mode d’approche des processus historiques, et se situent donc sur un plan méthodologique, estimant nécessaire un décloisonnement du regard, intégrant une approche contextuelle parfois élargie à l’échelle planétaire :la globalisation est ici un mode d’étude des objets, plutôt qu’un objet d’étude."
"Aux Pays-Bas et en Allemagne, en particulier, les recherches d’histoire « globale » sont très actives."
"Le premier numéro du Journal of World History publié depuis 1990 par l’université d’Hawaï s’ouvre sur un article de McNeil, «The Rise of the West, vingt-cinq ans après », qui se félicite de la légitimité enfin acquise, et mesure le chemin parcouru. [Entre 1963 et 1990, The Rise of the West a été vendu à 75000 exemplaires]
Cette revue est l’émanation officielle de la World History Association créée en 1982, qui comptait 1400 adhérents à jour de cotisation en 2002 ."
"La revue états-unienne la plus prestigieuse et la plus diffusée, l’American Historical Review, a introduit en 2000 une nouvelle section « Comparative/World » dans sa rubrique de comptes rendus."
"En 1969, Pierre Chaunu invitait à faire « l’histoire du désenclavement planétaire des civilisations et des cultures, des contacts »; « il faut rompre avec les États », prescrivait-il, quand Braudel appelait à étudier « les recouvrements de civilisation » qui se sont opérés par exemple dans la péninsule ibérique ou dans les Balkans. Mais au même moment, les rapports de conjoncture du CNRS déploraient la polarisation franco-française des recherches historiques, évaluant en 1960 la part de l’histoire de France aux trois quarts du total. De même, l’analyse statistique des répertoires publiés par l’IHMC-CNRS, pour l’histoire moderne et contemporaine, en 1982 et 1991 fait apparaître dans les deux cas une proportion de 55% d’historiens de la France. De sorte qu’en 1995, Christophe Charle concluait : « l’histoire comparative vantée par Marc Bloch, l’histoire sans rivages illustrée par Lucien Febvre et Fernand Braudel et réclamée par les commissions du CNRS, est restée de l’ordre du vœu pieux »."
"Dans nombre d’autres pays, les universités accueillent tout naturellement les spécialistes de l’étranger, sans qu’une prime spéciale soit donnée à l’histoire nationale – ou du moins le déséquilibre est bien moins prononcé qu’en France."
"Les « grands » éditeurs français de sciences sociales traduisent de moins en moins, et répugnent (mais que font leurs conseillers éditoriaux ?) à publier des ouvrages d’histoire étrangère, comparée ou générale, au prétexte que « cela n’intéresse pas le public »… Le resserrement francofrançais est bien un problème général."
"Microstoria et histoire connectée ne sont nullement incompatibles; au contraire, elles convergent dans la volonté de décloisonner en articulant le social, l’économique, le culturel et le politique, elles se rejoignent dans le souci de restituer à la fois l’épaisseur du jeu social et la globalité des échanges qui l’animent. En somme, cette histoire globale, à la recherche des connexions, interactions ou bifurcations, à différentes échelles, est bien une histoire « totale » mais « située »:elle se distingue de l’histoire totale ou de la « synthèse » de nos aînés en ce qu’elle bâtit son questionnaire depuis un point d’observation situé, qui n’est évidemment pas le point de vue de l’universel; elle ne prétend donc pas reformuler un grand récit explicatif d’ensemble. Le vocabulaire ne doit pas induire en erreur :global ne signifie pas totalisant."
-Caroline Douki et Philippe Minard, « Histoire globale, histoires connectées : un changement d'échelle historiographique ? Introduction », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2007/5 (n° 54-4bis), p. 7-21. DOI : 10.3917/rhmc.545.0007. URL : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2007-5-page-7.htm